L'école de Guerre accueille ce soir même, 14 mai 2025, Caroline Fourest en conférence publique. Quelle infamie. La reptation livide des plus hautes instances militaires devant la bien-pensance béate ne connaît plus de limites. Dans ce théâtre funeste de la loyauté républicaine, la veulerie de nos généraux constitue le précieux témoignage de la qualité de notre enseignement militaire à produire du soumis...
Manifestement, une grave erreur de jugement a conduit le comité conférences de l'École de Guerre, son bureau rayonnement et sa direction à valider cette programmation. La faute est d'autant plus grave qu'elle est partiale. En effet, l'établissement tend la main à ses différents intervenants en vertu d'un principe de neutralité. Rien n'est absolu, mais les conférences successives doivent manifester un fin équilibre, et les postures les plus radicales sont évacuées. Ainsi, Philippe suit Mabrouk, Vedrine suit Philippe, dans une tièdeur saumâtre qui sauvegarde les apparences. Ceux qui ont de vraies choses à dire sont vertement censuré, tels Fabry, Lugan ou encore Chouard.
Il ne faudrait pas que nos jeunes brevetés s'initient aux pensées iconoclastes. Pire, l'armée doit montrer patte blanche aux nervis qui agitent le spectre du pronunciamento des "tradis". Les courtisans attardés croient encore au 18 Brumaire, alors que la France patauge toujours dans l'Affaire des Fiches... La marque "École de Guerre" forge donc ses gages de progressismes pour continuer à exister.
Dans ce contexte, Caroline Fourest pose une vraie interrogation. La productrice des "Femens" est-elle une simple voix intéressante du milieu intellectuel français ? Ou bien la militante, attaquée plusieurs fois en justice, dégage-t-elle un vent soufré qui devrait faire fuir toute institution respectable ? Bien sûr, l'interrogation est toute rhétorique. Voilà belle lurette que la Fourest a été bannie des médias de grand chemin. Oui, des médias de grand chemin, les mêmes qui nous vendent Sandrine Rousseau, Rudy Reichstadt, Assa Traore et autres animaux de cirque. C'est dire combien Caroline a été outrancière. L'honnêteté doit pousser à rappeler qu'elle n'a jamais perdu ses différents procès en diffamation. Mais le cloaque médiatique, bien après le public, l'a tout de même condamnée.
Pourtant Fourest a régalé le bobo pendant de nombreuses années. Deconstruction, inclusivité, patriarcat, Caroline a été l'importatrice des grands concepts de la dissolution sociétale en cours. Égérie du laïcisme primaire, ses joutes acharnées contre Tariq Ramadan ont offert des instants télé d'anthologie. Sa radicalité progressiste l'a rattaché aux mouvements atlantistes les plus influents des années 2000. Elle participe pleinement du renouveau néoconservateur français aux côtés de Philippe Val, Arnaud Danjean et Gérard Araud, tout en maintenant son attachement à la gauche. Cette même gauche qui l'a trahi et qui l'attaque régulièrement désormais, de Caron à Mediapart. La faute à sa nuance sur les questions de harcèlement, et sa lucidité à souvent apercevoir la casquette de Mokhtar derrière les viols en série. D'idole à paria, tel est le triste sort de Caroline, abandonnée des siennes après avoir loupé la locomotive écolo et s'être fourvoyée sur nos "chances pour la France".
Toutes ces considérations questionnent le choix de l'École de Guerre d'inviter la polémiste. Comme partout dans l'armée, une décision de la direction de l'école est recoupée par différents pare-feux. Aucun n'a fonctionné. Arrivés trop tard pour éteindre l'incendie, l'équipe pédagogique n'a pu que constater l'ignorance crasse du haut-encadrement sur la réputation de Fourest. Cette affaire est un raté de communication grave pour l'école, qui crée un repoussoir pour son public captif de droite conservatrice.
Pourtant, la vieille Caro n'est pas complètement inconnue dans les cercles d'officier. Pour une poignée de saint-cyriens, c'était "la femme de l'autre côté du cordon de CRS" pendant les manifestations du mariage pour tous. L'idée de la revoir sans les CRS donne des idées...
Pour d'autres soldats, l'idée qu'une polémiste attaquée en justice pour diffamation fasse une conférence sur la désinformation semble être la perche la plus désopilante qu'ils ont vu depuis le regiment.
Enfin certains militaires se disent qu'il est temps d'écouter sérieusement les porte-voix de la matrice progressiste, puisqu'ils sont une partie de la ligne de défense culturelle contre nos compétiteurs russo-chinois. Pas grand-chose à faire pour ces candaules, mis à part espérer que la France se relève avant qu'ils n'arrivent aux manettes.
Un franc rire jaune aura égayé toute cette affaire. L'École de Guerre s'est faite sévèrement bâcher sur les réseaux par les acteurs mêmes qui assure habituellement son rayonnement, comme Alexandre Jubelin ou Antoine Bourguilleau. Les critiques pleuvent sur tous les supports. Gageons que cette triste conférence, plutôt que de castrer encore un peu nos militaires, ajoute une goutte pour faire déborder le vase de l'orgueil français.
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