09 décembre 2022

RECONQUÊTE - VINCENT VAUCLIN

Tous les voyants sont au rouge. La sortie de route n'est plus qu'une question de temps. C'est toute une société qui est sur le point de déraper pour venir percuter le mur du réel et achever d'y consumer ses utopies.

Que s'est-il passé ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Une correction de trajectoire est-elle encore possible ?

Les questions se bousculent, mais les réponses se font rares.

Pourtant, chacun sent bien que la rupture est inéluctable et que le basculement est proche. Partout, le même constat de déréliction. Partout, la même angoisse existentielle. Partout, le même sentiment d'étrangeté.

Pas un aspect de la société française n'aura été épargné par le rouleau compresseur de la subversion psychotique. Pas une citadelle de l'ordre ancien n'aura tenu sous les coups de boutoirs de la modernité triomphante et du progressisme autoritaire. Et tandis que le monde entier bouillonne de révolutions et de reconfigurations, la France s'enfonce dans les abîmes du déclin et semble s'être résignée à sa sortie de l'Histoire.

Comme suspendu dans une sorte de transe autistique, ce que l'on continue encore d'appeler le "paysage politique français" se réduit désormais à un curieux théâtre d'ombres iridescentes, dont les protagonistes hydroponiques persistent à psalmodier inlassablement les mêmes formules stéréotypées, comme pour exorciser l'inévitable épilogue et repousser l'imminence de leur destitution.

Et à mesure que s'accroît la défiance et la révolte d'un peuple qui, décidément, ne se résout pas à sa condition de cheptel bovin à l'obsolescence programmée, le Système accroît la répression, multiplie les lois d'entrave à la liberté d'expression, et étouffe toutes les velléités de pensée critique sous le poids écrasant de la pensée unique et des condamnations judiciaires.

"No future". Le mot d'ordre nihiliste des punks des années 80 entre aujourd'hui en résonnance avec le malaise diffus de cette génération Y, née à l'orée des années 90, et qui a le sentiment légitime de payer les pots cassés par ceux qui l'ont précédé.

Une génération qui a vécu le basculement numérique des années 2000 et l'explosion de la délinquance immigrée, la faillite du modèle multiculturel et les vagues meurtrières d'attentats islamistes, l'effondrement de l'école et la précarité généralisée, les bullshit jobs et le chômage de masse, la décadence des mœurs et la repentance mémorielle, les désastres écologiques et les crises sanitaires, bref, une génération sacrifiée qui aborde ce siècle en serrant les dents autant que les poings, et qui assiste en live, sur les chaînes d'info en continu et sur les réseaux sociaux, à la lente décrépitude de cette nation qu'on ne lui à pas appris à aimer, mais qui demeure, au fond, la seule cause pour laquelle il vaille encore la peine de s'engager.


S'engager ? Mais au nom de quelles idées ? Dans quel but ? Et avec quels objectifs ? L'action politique a-t-elle encore un sens aujourd'hui ? Alors que la pensée politique n'est plus qu'un champ de ruines et que les partis d'hier croulent sous le poids de leur discrédit, alors que de plus en plus de jeunes Français font le choix de s'expatrier et de déserter l'action publique, et que notre pays traverse l'une des plus graves crises de représentation de son histoire, toutes ces questions sont essentielles.

Certes, l'heure est grave. Pourtant rien n'est encore perdu. La France abrite toujours des forces insoupçonnées qui, le jour venu, pourront donner le signal tant attendu de la reconquête et entreprendre l'œuvre salutaire de la refondation.

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Vincent Vauclin, Reconquête : manifeste de la droite alternative, TheBookEdition.com, Lille, 2020

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