La nation est le seul héritage de ceux qui n'héritent de rien d'autre. Cet héritage est en danger. Voilà maintenant deux siècles que nous renonçons à porter notre message au monde, un siècle que nous préférons les postures victimaires aux célébrations glorieuses, un demi-siècle que nous abandonnons notre destin aux fanatiques de la déconstruction, une longue et sanglante décennie que le Français n'a même plus les larmes pour pleurer l'inconnu qu'il est devenu à lui-même.
Nous ne reconnaissons plus nos villages et nos champs, nos châteaux et nos églises, notre appétit et notre art de vivre. Petit à petit, notre douce France nous devient abrupte. L'époque est à la décadence.
Soudain, nous avons réagi. Dans un superbe élan dont on ne pèse pas encore le sublime, la part active de la jeunesse française s'est mise à adorer une patrie qu'on lui avait pourtant caché. La résignation programmée n'avait pas compté sur l'éternel retour des enracinés, confrontés à un monde qui les broie et des élites qui font sécession.
Malgré le bouclage hermétique de la caste médiatique, le combat pour la survie de la France s'est renouvelé à travers les mouvements identitaire et souverainiste. Par un travail acharné sur les réseaux numériques, par le soutien aux Gilets Jaunes, par l'organisation de clubs, de cercles, d'associations, par la tenue de conférences d'éducation populaire, par les publications d'ouvrage, par le soutien aux personnages les plus médiatisés — en somme, par une tactique de guérilla de basse intensité — les idées de la revitalisation nationale ont percolé dans toute l'opinion. Ces mouvements constituent une réponse hautement courageuse aux périls du totalitarisme de l'irréel.
L'extension maximale de la logique marchande, l'atomisation individuelle, l'abandon de la France périphérique à son sort, le supranationalisme béat et la vente du pays à la découpe ont suscité l'émergence d'un bloc souverainiste déterminé, dont la base électorale se consolidera rapidement par l'unification dans une structure transpartisane. L'immigrationnisme forcené, les compétitions mémorielles obscènes, la complaisance avec l'islam le plus radical, l'indécence féministo-LGBTiste, l'hystérie des Khmers Verts et la folie dissonante de la culture de l'éveil ont provoqué une crispation identitaire implacable, qui regroupe derrière les figures conservatrices tous ceux qui entendent vivre comme ils l'ont toujours fait, et n'admettent pas la dictature du progrès.
Ce sursaut est salutaire. Sa sublimation sera décisive. Le pangallicisme se pose comme le courant d'opinion émergent, qui propose l'alternative au-delà de la réaction. En tant que pangallicistes du XXIe siècle, nous disposons d'une expertise historique inégalée afin de comprendre ce qu'est réellement la France, et quels sont les remèdes à ses maux. Le pangallicisme souhaite faire d'une préférence nationale raisonnée le paradigme central de toute action politique et sociale.
A ce titre, nous souhaitons réhabiliter dans une version moderne les grandes idées qui ont structuré la réussite française, à savoir un protectionnisme d'inspiration colbertiste en économie, un centralisme d'inspiration jacobine dans la vie sociale et publique, enfin un césarisme d'inspiration bonapartiste dans l'expression institutionnelle et la politique extérieure. La France est toute à la fois notre patrie, notre programme et notre espérance. Les germes de notre rédemption sont déjà semés, mais ne pourront croître qu'avec une approche populaire, verticale et visionnaire.
Nous nous battons pour la souveraineté.
Depuis trop longtemps, on nous fait croire que l'économie serait une science complexe, que seuls des technocrates dûment formatés pourraient manipuler. Pire, nous avons sacrifié notre appareil productif et notre tissu social, au motif que la "France des assistés" serait inapte à la mondialisation. Leur folie nous a placé au bord du gouffre. Aujourd'hui, leur mondialisation est morte, leur euro s'écroule. Une halte définitive doit donc être mise à la mortelle spirale libéro-libertaire.
La France dispose encore des ressources du redressement, et doit retrouver l'assise économique qu'elle a toujours eu. Le colbertisme et le mélinisme adaptés à l'économie connectée seront les armes du pangallicisme pour opérer ce redressement. S'inscrivant dans une stratégie environnementale cohérente, la France garantira sa prospérité par ses usines et ses sillons, mais aussi par l'innovation dans ses secteurs compétitifs traditionnels : chimie, pharmaceutique, transport, aéronautique, énergie.
Nous nous battons pour l'identité.
Le retour de la prospérité nécessitera l'unité résolue du peuple français. La machine à fabriquer du Français, celle-là même qui nous a permis d'assimiler des familles latines et slaves tout au long des deux derniers siècles, s'est brisée sous l'aveuglement des multiculturalistes et leurs relais. La machine à fabriquer du citoyen, celle-là même qui a donné sa voix au peuple et concrétisé les progrès sociaux, s'est rompue dans l'illégitimité du théâtre politicien et les renoncements supranationaux.
Nous nous engageons à restaurer la légitimité du fait national, sur l'ensemble du territoire, de la manière la plus ferme possible, et en balayant la notion de communauté. L'idéal jacobin, modernisé, d'une France une et indivisible nous guidera dans cette œuvre. La France a un cadeau pour le monde : l'égalité. Elle doit commencer par se l'offrir à soi-même.
Nous nous battons pour l'autorité.
Nous sommes jacobins par conviction et césaristes par nécessité. Le drame de la modernité est de vouloir décider sans assumer. Notre démocratie populaire nous a été volée par "les principes de gouvernance", "l'Etat de droit", et tous ces principes abscons qui dissolvent la notion de responsabilité. Notre vision du monde s'est laissée obscurcir par les gagne-petits, trop contents de se laisser prendre la main par nos amis européens et anglo-saxons, et si ça n'avait été que la main.
Le césarisme est l'expression la plus naturelle du pouvoir politique en France, car il autorise l'attachement aux figures providentielles tout en garantissant la consultation du peuple. Le césarisme est l'incarnation la plus fidèle de la vocation de la France à l'universel, car il démontre l'unité de la Grande Nation dans sa lutte pour la liberté du monde. Nous réinstituerons la tradition césariste française, dans la lignée de ses avatars bonapartiste et gaulliste.
Les Germains proposent l'impérialisme sans messianisme, donc vide de sens. Les Anglo-Saxons incarnent l'impérialisme libéral, dont la fin de cycle est proche. La France n'existe que pour son messianisme anti-impérialiste, et le combat n'est pas terminé. La seule France, la vraie France, ne peut être que la plus grande France : celle d'Ivrée à Saint-Hélier, celle de Gérone à Bois-le-Duc ; celle qui gonfle d'orgueil la poitrine de tous les Gaulois et qui nourrit d'espoir l'esprit des hommes libres du monde entier.
Les pangallicistes savent combien l'esprit français se nourrit de trois pôles : sens sacré de la justice, rationalisme, panache. Être Français, c'est manier la pensée quelque part entre le pari pascalien, le cogito cartésien et l'espièglerie de Molière. Être Français, c'est manier l'épée quelque part entre la chevalerie de Bayard, la scientificité de Vauban, et la gouaille de Surcouf. Laissons nous porter par cette trinité toute française, qu'on retrouve dans les figures de Saint-Louis, Louis XI et François Ier.
Mais faisons surtout profession de foi d'être toujours pragmatiques et jamais idéologues. La France ne réclame ni pensée, ni débats, ni pouces bleus. La France réclame ses fils. Le monde réclame la France. Nous succédons à la pire génération qu'ait connu notre pays. Nous sommes condamnés à l'enthousiasme.
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