25 décembre 2024

COUP D'ETAT - NICOLAS L.

 « Il y a deux façons de conquérir et d’asservir une nation. L’une est l’épée, l’autre la dette. »

John Adams

« Permettez-moi d’émettre et de contrôler les ressources monétaires d’un pays, et je me moque de celui qui écrit ses lois. »
Mayer Amschel Rothschild

« L’engagement des Etats est plus facile en période de crise, il y a plus de bonne volonté quand les pays sont endettés. »
Vincent Peillon


Il existe en Europe un secret bien gardé. Un secret dont la conservation conditionne la docilité des peuples, et le maintien au pouvoir d’une nomenklatura chaque jour plus nuisible. Un secret qui, s’il n’est pas pris en compte, rend vaine toute tentative d’analyse de la situation des pays d’Europe et, a fortiori, toute action pour la changer. Un secret qui sera toujours nié ou minimisé par ceux qui en jouissent ; un secret qui, certes, est parfois évoqué mais alors à demi-mots, avec d’infinies pudeurs, dans un enrobage de précautions oratoires, de contorsions sémantiques bien entortillées destinées à noyer le poisson et à euphémiser la réalité crue.



Ce secret, c’est celui de la soumission des démocraties européennes à la technocratie bruxelloise. C’est celui du transfert de la quasi-totalité des souverainetés nationales à une oligarchie aussi arrogante qu’incompétente. C’est celui de la réorganisation à marche forcée de tout un continent au mépris absolu de l’avis des peuples, et au profit exclusif d’une poignée d’apparatchiks.

En France, par exemple, 80% des lois ratifiées sont des transpositions de directives européennes. Des directives édictées par des commissaires non-élus mais tout-puissants, omniprésents mais anonymes. Qui connaît les commissaires européens ? Qui peut en nommer plus d’un ? Qui sait ce qu’ils pensent, d’où ils viennent, de quel parti ils sont ? Quelles idées défendent-ils ? Quels intérêts servent-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi payons-nous leurs hôtels, leurs voitures, leurs call-girls ? En vertu de quoi, au juste, s’arrogent-ils le droit de faire la leçon aux pays européens ? Qui sont-ils pour exiger respect et obéissance, pour distribuer les bons points, pour gronder la Grèce, pour faire les gros yeux au Portugal, à l’Italie ou à la France ? D’où tirent-ils leur légitimité ? D’un plébiscite populaire ? D’un processus démocratique ? Il est clair que non. De leur compétence, alors ? Hélas pas davantage : jamais des dirigeants, excepté les communistes, n’eurent des résultats aussi calamiteux que les euromaniaques actuellement aux commandes. Et c’est là, finalement, le vrai scandale, bien plus que le déni de démocratie permanent que ces crétins opèrent. Car après tout s’ils étaient compétents, s’ils ne merdifiaient pas tout ce qu’ils effleurent, si leurs grosses mains imbéciles ne détruisaient pas instantanément tout ce qu’elles touchent, il n’y aurait rien à redire.

Contrairement aux politiques, qui sont bien forcés de flatter le peuple — faute de respecter ses volontés — rien en effet ne m’oblige à faire mine de souscrire à la pensée magique selon laquelle l’opinion majoritaire serait nécessairement la bonne. Rien ne m’oblige à ajouter foi aux stéréotypes de notre époque et à bêler que la démocratie est la panacée — il suffit pour se convaincre du contraire de voir les incapables et les nuisibles que le peuple français porte au pouvoir depuis quarante ans. Vox populi, vox dei ? « Rien de plus stupide que de chercher la vérité dans le nombre » avait déjà tranché Baudelaire. Et Richelieu, qui savait un peu de quoi il parlait : « Le peuple blâme quelquefois ce qui lui est le plus utile et même nécessaire ».

La différence, la toute petite différence entre les commissaire européens et Richelieu (et j’ai infiniment honte de faire figurer le nom de Richelieu juste après l’évocation de ces piteux), c’est leur bilan. Richelieu fit de la France la première puissance du monde. Les commissaires européens font de l’Europe un néo tiers-monde. Eux et leurs valets nationaux — « chefs » d’Etat, ministres, députés — lui infligent un déclassement vertigineux, au nom de la perpétuation absurde d’un système moribond et ne servant que leurs intérêts. Richelieu ne racontait pas de fables au peuple, il ne l’enfumait pas avec un simulacre de démocratie, il ne lui refilait pas le hochet du droit de vote pour le maintenir bien docile, mais il bossait pour lui. La nomenklatura européiste (terme qui inclut évidemment ceux qui, au niveau national, se soumettent à l’Union européenne, exécutent ses ordres et relaient sa propagande) travaille uniquement pour elle, pour ses places, son train de vie, ses privilèges. Elle monnaye au prix fort son rôle de courroie de transmission des revendications des 30 000 lobbyistes qu’on dénombre à Bruxelles. Elle est prête à toutes les compromissions, à toutes les soumissions pour durer ; son action relève bien plus de la prostitution que du service de l’intérêt général.





Et elle a le culot de se draper dans les grands idéaux, d’invoquer sans cesse le bien de l’humanité, d’envelopper son cynisme dans des envolées grandiloquentes où il n’est question, comme dans tout discours d’ordure qui se respecte, que de « paix », de « fraternité », de « prospérité », de « droits de l’homme » et de « bonheur ». Mais qu’a-t-elle fait, concrètement, cette Union européenne, pour s’autoproclamer la continuatrice du beau projet européen ? Le vrai, celui de coopération féconde entre des nations libres ? Quel glorieux bilan a-t-elle à nous présenter, pour décréter avec ce contentement de soi si caractéristique qu’elle pourvoit au bonheur des peuples ? Qu’en pensent les Grecs, avec leurs 62% de jeunes au chômage — presque tous drogués — leurs magasins aux trois quarts vides, leurs pénuries de médicaments, leur prostitution galopante, leur taux de suicide stratosphérique ? Qu’en pensent les Portugais ? Et les Espagnols ? Qu’en pensent les centaines de milliers d’ouvriers français qui ont perdu leur métier, et donc une part de leur dignité, à cause des mesures ultra-libérales imposées par les despotes de Bruxelles, et appliquées servilement par ces pantins que sont devenus les « dirigeants » nationaux ? Qu’en pensent ces centaines de millions d’Européens qui voient le chômage déferler, leur niveau de vie s’effondrer, leur identité se dissoudre, leur avenir s’assombrir ?

Aurons-nous, comme les grands philanthropes européistes, assez de mépris envers ces générations sacrifiées pour estimer que ces horreurs constituent un malheur transitoire, mais nécessaire, en vue de jours meilleurs ? De la même manière que les communistes, eux aussi grands amoureux de l’humanité, justifiaient leurs carnages, leurs tortures, leurs famines, leurs 100 millions de morts, par le « sens de l’Histoire » et « l’avenir radieux » ? Qui peut croire qu’un système qui engendre de telles abominations puisse un jour porter de beaux fruits ? Que ce chemin cauchemardesque nous mène droit au bonheur ? Pour justifier les pires exactions, l’avenir a bon dos, en tout cas…

J’évoquais à l’instant le communisme ; en vérité, la rhétorique des dévots de l’Union européenne présente d’autres curieuses analogies avec celle des dirigeants communistes. On va le voir, ce n’est pas un hasard. Ainsi, de la même manière que les communistes, ces charlatans notoires, se réclamaient d’une paysannerie et d’un prolétariat qu’ils ne cessèrent en vérité de violenter et de massacrer, les eurocrates n’ont que la « Paix » et la « Prospérité » à la bouche, quand toutes leurs actions conduisent inexorablement les Etats européens à la faillite, et attisent entre eux un ressentiment qui n’est pas près de s’éteindre… Dans les deux cas, communisme comme européisme, l’imposture est criante, et ceux qui l’acceptent ou la propagent s’en font les complices actifs…

Les similitudes ne s’arrêtent pas là. Communistes et européistes ont plus en commun que cette manie de s’exprimer par antiphrases (ce qui, d’ailleurs, fournit un moyen très commode de connaître leur action effective : il suffit de prendre systématiquement la négative de leurs affirmations). On retrouve également chez ces fanatiques un même déni de réalité, une même gourmandise pour les abstractions idéologiques, une même volupté à se masturber le cervelet avec des constructions théoriques aussi absurdes que délétères. Un même enlisement dans les idées pures, les concepts abscons, les raisonnements découplés du réel. Un même sectarisme, également, un même dogmatisme, une même rage de conformer le monde concret à leurs fantasmes, quoi qu’il en coûte. Une même dévotion hystérique à l’idéologie, qui en vient à effacer toute considération pour la souffrance humaine qu’elle engendre ; une même insensibilisation, une même atrophie de la compassion à mesure que l’endoctrinement progresse…

Les analogies se retrouvent jusque dans la forme des discours, ces bouillies de millénarisme puéril, de lyrisme saugrenu, de niaiserie pré pubère, d’élans incantatoires aussi creux que boursouflés (« L’euro, c’est pour l’éternité » déclarait ainsi récemment je ne sais plus quel eurolâtre ébouriffé, ne semblant pas réaliser que l’association dans une même phrase de la notion d’éternité et de ce concept trivial entre tous qu’est l’outil monétaire le propulsait pour l’éternité vers les sommets du ridicule).

Enfin, et surtout, on retrouve chez les communistes et les européistes ce même entêtement criminel à appliquer des théories qui ont mille fois, et systématiquement, prouvé leur nocivité. Des théories qui, quelle que soit la façon dont on s’y soit pris, quelles que soient les personnes qui aient tenté de les mettre en œuvre, n’ont produit que ravages et désolation. C’est cet entêtement qui fit dire à Einstein : « La folie consiste à faire encore et toujours la même chose en s’attendant à des résultats différents ». Les commissaires européens et leurs larbins nationaux seraient-ils donc fous ? Les laquais du communisme l’étaient-ils — ou plutôt le sont-ils, puisque le doux Kim Jong-un en Corée du Nord, et bon nombre d’ignorants volontaires dans nos pays continuent de trouver des charmes à cette doctrine cataclysmique ? C’est sans doute là un diagnostic un peu extrême. Il ne me paraît pas abusif, en revanche, d’affirmer que les analogies entre européistes et communistes sont le reflet d’une même mentalité : la mentalité de l’utopiste. Ou de l’idéologue, si vous préférez.

Oui, communistes et européistes font partie de ces êtres embourbés dans leurs concepts, leurs idéaux nébuleux, ces êtres souverainement indifférents au réel qui passent leur temps à faire violence à l’humanité tout en se gargarisant d’être de grands humanistes. Des universalistes rêvant d’une humanité unifiée, fusionnée, non-contradictoire et qui, au nom de ce fantasme indifférenciateur, soutiennent les impérialismes les plus violents (tout universalisme est un impérialisme). Des êtres qui, à rebours de l’attitude catholique, exigent un paradis terrestre, ici et maintenant, et n’obtiennent ironiquement que l’enfer. Des êtres qui, au lieu de prendre acte de la dysharmonie de la vie terrestre et de s’efforcer de la tempérer, se mettent en tête de la supprimer, et engendrent une dysharmonie bien plus grande…

Bien sûr, les partisans de l’Empire européiste ne sont pas tous des utopistes naïfs et autres idiots utiles. Il y a aussi, comme toujours, les ignorants, les indécis, tous ceux que ça n’intéresse pas (ça finira par les intéresser, croyez-moi ; mais il sera trop tard…). Et puis il y a aussi, il y a surtout le contingent traditionnel de lâches, de poltrons, de suiveurs éperdus qui sentent bien que quelque chose de louche se passe mais ne veulent surtout pas en savoir plus, refusent d’y réfléchir de peur de devoir prendre position et de se retrouver, ô malheur, ô blasphème, à penser autrement que ce qu’enseignent les évangiles médiatiques. Alors ils éludent, ils esquivent, ils passent à autre chose… Et puis ils vous engueulent quand vous tentez de les rappeler à leur conscience. Forcément…

Historiquement, c’est toujours cette frange tiède de la population qui a permis aux pires tyrans de prendre le pouvoir et de commettre leurs méfaits en toute impunité.

C’est ce troupeau d’esprits flottants qui, par conformisme, se soumet aux stéréotypes de son époque et consolide, en les acceptant massivement, les plus répugnantes propagandes. Ce sont ces dégonflés qui, en s’inclinant devant les intimidations de la classe médiatico-politique et ses ridicules collages d’étiquettes (fascisteextrémiste, populisteringardnauséabond, je-ne-sais-quoi-phobe), permet que les mensonges les plus éhontés passent pour des vérités indiscutables. Et le pire, c’est qu’ils s’en glorifient. Leur lâcheté, ils l’appellent tolérance. Abdiquer tout esprit critique, ils appellent ça ne pas se prendre la tête. Etre dupe de toutes les impostures, ils appellent ça faire preuve d’ouverture d’esprit. Leur esprit capitulard les inscrit dans le sens de l’Histoire, croient-ils. Ces moutons apeurés sont persuadés d’aller dans le sens du progrès, quand ils ne font qu’aller dans le sens que leur intiment de suivre leurs maîtres : pseudo-élites invertébrées, bourriques politiques, matons médiatiques, « experts » assermentés et autres néo-Lyssenko.

Cet inventaire de fumiers dessine d’ailleurs la dernière catégorie d’européistes. La plus toxique, la plus cynique. La plus coupable, aussi : celle qui dispose des leviers pour changer les choses mais qui, par opportunisme et instinct de soumission à la doctrine dominante, choisit de collaborer au désastre. Comment la postérité les jugera-t-elle ? Que dira l’Histoire de tous ces apparatchiks qui, pour un prestige furtif et quelques privilèges, firent preuve en toutes circonstances de la servilité la plus rampante ? Quelle image laisseront-ils, une fois leurs mensonges démontés par les faits ? Comment, une fois les rideaux de fumée médiatiques dissipés, une fois les bavardages des politiques retombés, évoquerons-nous ces gens qui étaient trop intelligents pour ne pas comprendre mais qui, par ambition et par lâcheté, préférèrent servir la cause de leur nombril plutôt que celle de la vérité ?

Parlerons-nous de traîtres à la nation pour ce président de la République et ce Parlement qui, mandatés par un peuple qui avait rejeté le Traité constitutionnel européen en 2005, le lui imposèrent en 2008 sous le nom de Traité de Lisbonne, entérinant ainsi le transfert des souverainetés nationales à une entité supranationale non élue, méprisante et dévastatrice ? Ce qui est sûr, c’est qu’on ne parlera pas d’eux comme de grands démocrates… Quand le pédant dodu Jean-Pierre Raffarin déclare, peu avant le vote du Traité constitutionnel européen : « Un non qui s’abstient, c’est un bon non. Un oui qui vote, c’est un bon vote. » ; quand cet éternel autosatisfait annonce le « chaos » et « des mois et des mois de crise économique » en cas de victoire du non (mais peut-être a-t-il confondu son « oui » et son « non » ? comme d’autres confondent leur gauche et leur droite ?) ; quand le mutant Jean-Claude Juncker déclare : « Si c’est oui, nous dirons on poursuit. Si c’est non, nous dirons : on continue » ; quand le très nocif Jacques Delors, chantre bien connu de la diversité, de la tolérance et de la fraternité, assène aux adversaires de la monnaie unique : « Changez d’attitude, ou abandonnez la politique ! » ; quand le président du Parlement européen, en séance plénière, injurie ses contradicteurs puis leur coupe le micro pour les empêcher de répondre ; quand les éditorialistes aux ordres ne trouvent rien de plus fin que de multiplier les points Godwin et autres insultes implicites pour intimider les opposants au Traité constitutionnel européen (dont le rejet eût été, on le voit bien avec le recul, « la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir ») ; quand le rogue Sarkozy traite de « fou » et de « dépressif » (il paraît que c’est une insulte) le Premier ministre grec parce qu’il a osé, le salaud, envisager la tenue d’un référendum sur la question du maintien de la Grèce dans l’enchanteresse zone euro (il est vrai qu’il y a quelque chose de fou à se soucier de l’avis du peuple qui nous a élu ; mais ce qui serait encore plus fou, ce serait de tenir compte de cet avis) ; quand ce Premier ministre blasphémateur se retrouve sans délai forcé de démissionner ; quand ses contempteurs, par un de ces faux raisonnements dont nous sommes maintenant coutumiers, invoquent la souveraineté du peuple pour mieux la bafouer : « la place du peuple grec dans l’euro est une conquête historique du peuple qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d’un référendum » ; quand ces eurolâtres enragés passent leur temps à accuser leurs adversaires de sectarisme, mais ne trouvent en revanche rien de sectaire à déclarer que « qui remet en question la survie de l’euro n’est personnellement et politiquement plus valable. Le mieux qu’il puisse faire est alors de se retirer. » ; et quand ce sont ces gens qui président aux destinées des peuples européens ; alors nous ne sommes plus exactement en démocratie.

« Eh mais on a le droit de vote quand même ! Cette conquête historique ! » objecteront sans doute ceux qui confondent encore droit de vote et démocratie. S’ils savaient où elle se les met, la nomenklatura européiste, leurs bulletins de vote… Car si le droit de vote est sans doute une condition nécessaire à la démocratie, il n’en est absolument pas une condition suffisante.

Croire qu’il suffit de glisser un bulletin dans une urne pour être en démocratie relève de la pensée magique.

Encore faut-il que ce bulletin soit pris en compte. Et que les personnes pour lesquelles vous votez aient le pouvoir de faire ce qu’elles annoncent. L’affaire du Traité constitutionnel européen, que les peuples avaient vomi et 2005 et que leurs élus leur firent ravaler de force en 2008, n’est que l’exemple le plus spectaculaire de la perte de substance du droit de vote en Europe, et du viol permanent qu’opèrent les eurodictateurs sur la volonté populaire. Car c’est continuellement, en vérité, que ces forcenés imposent leurs délires à des peuples qui n’en peuvent plus. Soit en ignorant purement et simplement leur opinion ; soit en élaborant des modes de scrutin qui rendent leurs votes quasi-inopérants. Si une fois glissé dans l’urne, votre bulletin de vote entre dans une usine à gaz qui fait qu’en sortie, un parti atteignant péniblement les 2% aux élections présidentielles se retrouve avec 18 députés à l’Assemblée, quand un parti plébiscité par 18% des électeurs n’en obtient que 2 sur 577, soit 0,3% (la caste au pouvoir, jamais décevante quand il s’agit de défendre ses intérêts, a ainsi inventé un nouveau mode de scrutin, après les scrutins majoritaire et proportionnel : le scrutin inversement proportionnel), elle a une drôle de tête, votre démocratie.



Elle est bien insolite, votre démocratie, quand les gouvernements nationaux, censés servir ceux qui les ont élus, se soumettent en toutes circonstances aux injonctions de bureaucrates moisissant à Bruxelles. La primauté du droit communautaire sur le droit national est-elle démocratique ? Et qu’on ne vienne pas me parler du Parlement européen, composé d’élus en effet : il n’a quasiment aucun pouvoir, et ne commencerait à en avoir que composé d’une majorité d’opposants à l’Union européenne (ce qui, il est vrai, pourrait se produire sous peu ; mais faisons confiance à l’imagination de l’euroligarchie pour alors changer les règles du jeu). La vérité est que les marges de manœuvre des dirigeants nationaux sont de plus en plus limitées ; et que même s’il n’a certes pas perdu toute influence, le droit de vote dans les pays européens tient de plus en plus de la mauvaise farce. Dans bien des cas, il n’est plus là que pour maintenir chez les peuples l’illusion qu’ils ont la main sur leur destin. Destin qui, en réalité, a été progressivement confisqué via les abandons successifs de nos souverainetés territoriale (Schengen, 1985 ; Amsterdam, 1997), monétaire (Maastricht, 1992), législative (Lisbonne, 2008) et budgétaire (traité budgétaire européen, 2012), avec à chaque fois les suites désastreuses qu’on sait.

Mais il y a plus révoltant encore que ce saccage de l’Europe : c’est la bonne conscience indécrottable des responsables de ce chaos. Entendre ces fléaux nous expliquer pompeusement ce qu’il faut faire pour construire l’Europe, alors que ce sont eux qui l’ont détruite corps et âme, a quelque chose de grotesque et d’odieux. Voir ces champions de la destruction parader toute honte bue dans les médias et traiter par l’insulte ou le dédain — faute d’arguments — ceux qui proposent les vraies solutions pour sortir de leur cauchemar, est proprement ahurissant. Eux qui devraient raser les murs, eux qui, au vu de leur bilan, devraient utiliser leur tribune médiatique pour implorer à genoux le pardon des peuples puis se taire à jamais, non seulement ne manifestent pas cette décence élémentaire, mais ont le culot inouï de continuer à venir pérorer sur les plateaux de télévision pour expliquer que leurs décisions sont les bonnes, qu’il faut les poursuivre, les intensifier, que si ça ne marche pas encore c’est qu’on n’est pas allé assez loin (ce qui, une fois de plus, rappelle furieusement la rhétorique des gâteux du communisme qui, après 100 millions de morts et des horreurs inqualifiables, continuent de dire : « Ah, c’est quand même dommage de s’être arrêté en si bon chemin ! On y était presque ! Plus qu’un ou deux milliards de morts, quelques famines bien ravageuses, quelques millions d’innocents torturés, et hop, à nous l’avenir radieux ! »). Les mêmes qui annonçaient que leur euro divin ferait de l’économie européenne « la plus dynamique du monde d’ici 2010 », avec « une croissance économique plus forte, un emploi amélioré » et bien sûr « moins de chômeurs, plus de prospérité », et surtout, surtout, « moins de bureaucratie et plus de démocratie » (quand je vous dis qu’ils ne s’expriment que par antiphrases…) ; les mêmes qui depuis trente ou quarante ans ont toujours pris, en tous domaines, les décisions les plus calamiteuses, ces cataclysmes ambulants voudraient nous faire croire que cette fois, c’est bon, ils gèrent. Qu’ils ont enfin compris ce qu’il fallait faire. La bonne blague.

Certaines personnes sont douées pour les mathématiques, d’autres pour la musique, d’autres encore pour la littérature ou la peinture. Eux sont doués pour les catastrophes.

Détruire le monde à grands coups d’utopies, voilà leur talent. Ah, ils en ont un autre, aussi, un qui va avec : le retournement des torts. L’inversion des culpabilités. La propagande en miroir, cette technique odieuse qui consiste à imputer à son adversaire ses propres turpitudes (hier encore je tombais sur je ne sais quelle émission où un dénommé Malek Boutih, petit nerveux destiné à l’oubli, qualifiait de « haineux » son adversaire pourtant impassible tandis que lui, tout constipé, débordant d’aigreur, trémulait à en péter sa chaise et envoyait par spasmes insultes et ricanements sardoniques — ce qui était sans doute sa façon d’exprimer qu’il n’était, lui, ni haineux ni intolérant).

Ainsi, à ceux qui suggèrent de mettre fin à leur monnaie diabolique, ces fauteurs de désastres répondent que ce serait un désastre, que cela aurait pour conséquence de multiplier la dette « par deux ou trois » (dixit l’impayable Nicolas Sarkozy). Deux… ou trois ! Notez le sérieux des experts ; on comprend mieux leurs résultats… Evidemment, ces crétins péremptoires n’expliquent jamais d’où sortent leurs chiffres. Et ils se gardent bien de dire que s’ils n’avaient pas signé les traités interdisant au Trésor de prêter à la Banque de France (1973), puis aux banques centrales de prêter au Trésor (Maastricht et Lisbonne), obligeant ainsi les Etats à se financer sur les marchés financiers à des taux exorbitants, nous n’en aurions pas, de dette. Ils ne disent rien, non plus, du montant que coûte leur acharnement thérapeutique sur l’euro, des ces centaines de milliards qu’ils ponctionnent sur les peuples pour faire bouger le cadavre de leur idole et s’enivrer de l’illusion qu’elle vit encore. Non, ils n’aiment pas trop s’étendre sur les montants ou les résultats de ces si efficaces « plans de sauvetage », dont chacun est toujours le dernier et par lesquels, retournement historique, les hommes se retrouvent au service d’une monnaie, quand la monnaie est traditionnellement un simple outil au service de l’homme…

Avec des larmes de crocodiles, ces hypocrites invoquent la ruine des épargnants si on sortait de leur monnaie maboule, alors que c’est précisément son maintien en vie artificielle qui ruine les épargnants : d’une part parce que les injections de liquidités massives qu’opère régulièrement la BCE engendrent pour les épargnants des taux d’intérêt réels négatifs ; d’autre part parce que l’exemple chypriote de ponction directe des comptes d’épargne pour honorer le veau d’or n’est que la préfiguration d’un racket qui touchera bientôt tous les petits épargnants d’Europe.

Et puis, rappelons à ces grands experts qu’avant d’épargner, il faut travailler ; et qu’en conséquence leurs simulacres de compassion, avant d’aller aux épargnants, devraient d’abord s’adresser aux chômeurs. Mais c’est ce dont ils se gardent bien, car il leur faudrait alors expliquer les causes du chômage de masse qui ravage l’Europe. Il leur faudrait dire pourquoi la zone euro est la plus anémique du monde depuis qu’on y a introduit l’euro. Il faudrait qu’ils expliquent pourquoi l’Espagne et la Grèce ont les taux de chômage les plus élevés du monde industrialisé, avec plus du quart de la population sans emploi (et plus de la moitié chez les jeunes, ce qui laisse augurer de belles décennies de prospérité, en effet).

Et là, leurs mystifications sur l’épargne marcheraient moins bien. Ils ne pourraient pas nier — ils ne le font jamais — que l’euro, en empêchant chaque pays d’ajuster son taux de change à son profil exportateur et à son niveau de vie, asphyxie les entreprises des pays pour lesquels il est trop fort, et bride la vitalité de ceux pour lesquels il est trop faible (mais y’en a-t-il, à part peut-être l’Allemagne ?). Ils auraient bien du mal à contester que le libre-échange débridé promu par l’Union européenne instaure une concurrence sauvage entre des pays de niveaux économiques très divers, mettant en compétition stricte des quasi-esclaves touchant quelques dizaines de dollars par mois, et des travailleurs cotisant pour des systèmes de solidarité et respectant des tas de normes. Pas besoin d’être très malin pour deviner le résultat de cette confrontation inique : la réduction du traitement des travailleurs au plus petit dénominateur commun. Et en attendant que cet horizon radieux soit pleinement atteint, le chômage et les délocalisations qu’on sait pour les pays encore trop respectueux de leurs travailleurs… C’est ce qu’on appelle un système perdant-perdant.

Enfin, pour les travailleurs ; parce que pour ceux qui tiennent les rênes de l’économie et profitent de cet effondrement du coût de la main d’œuvre, c’est au contraire le jackpot. Ainsi que pour les politiques qui monnaient au prix fort leur ratification des dispositions législatives permettant ce chaos ultra-libéral. Pas étonnant que cette ploutocratie s’accroche éperdument à ce système, et traite avec sa finesse légendaire de « populistes », de « tenants du repli sur soi » et de « nostalgiques de la ligne Maginot » ceux qui proposent de rétablir des frontières pour ré-équilibrer la concurrence et inverser le nivellement par le bas qui touche les travailleurs.

Plus francs encore dans leurs mépris, certains stigmatisent « ceux qui ne disposent pas du niveau culturel requis pour apprécier à sa juste valeur l’action de l’Union ». Ils aiment aussi beaucoup resservir le fameux lieu commun : « Dans un système d’échanges mondialisé, un petit pays ne peut s’en sortir », vieux dogme qu’ils n’ont jamais pris la peine d’interroger, qu’ils ne peuvent pas démontrer puisqu’il est faux (les contre-exemples abondent), et qui rappelle les intimidations de Moscou aux Etats baltes quand ceux-ci, voulant prendre leur indépendance, se virent menacés de ne pas s’en sortir compte-tenu de l’imbrication de leur économie dans l’économie soviétique…

Prenons maintenant un peu de hauteur. Une erreur, en effet, serait de s’en tenir à une analyse purement matérialiste de la situation. De ne pas voir que l’enjeu essentiel est ailleurs. Qu’en réalité, et nonobstant leur gravité, les ravages provoqués par l’Union européenne ne sont qu’accessoirement économiques. La toxicité de cette Union infernale agit à des niveaux bien plus fondamentaux. Car rien n’est purement économique ou technique, jamais. Tout système est l’expression d’une vision de l’homme. C’est cette vision de l’homme qu’il faut découvrir, si l’on veut avoir une chance de comprendre ce qui se passe. Oui, il faut s’élever au-dessus des débats oiseux de notre époque, refuser de penser le monde avec les concepts moisis que voudraient nous imposer les robots des médias et de la politique. Traverser les immenses couches de propagande médiatique, percer les rideaux de fumée des « spécialistes » pour se poser la seule question qui vaille : quelle vision de l’homme le système auquel j’ai affaire décline-t-il ? Procède-t-il d’un amour, d’une haine, d’un mépris de l’homme ? Quelles finalités propose-t-il à l’humanité ? Au-delà des déclarations d’intention de ses représentants, quels biens et quels maux produit-il concrètement ? Regarder les fruits en face puis remonter à l’arbre, voilà ce à quoi il faut s’employer.

Dans le cas qui nous intéresse, les choses sont assez limpides : l’ultra libéralisme, le libre échange, l’euro ne sont que les premiers rouages d’un engrenage démoniaque dont les finalités dépassent largement les considérations économiques rabâchées par ces borgnes de journalistes. Ils ne sont que les premières étapes d’un dessein d’asservissement des peuples d’Europe, puis de transformation profonde de leur humanité.

Expliquons-nous. Dans un premier temps, l’euro a permis à tous les pays de la zone euro d’emprunter à des taux très bas, sans rapport avec leur vigueur économique, c’est-à-dire avec leur capacité à rembourser. L’Allemagne, pays à l’économie robuste, jouait en effet le rôle de caution auprès des créanciers de tous ces pays. On ne prête qu’aux riches, dit l’adage? Ce n’était plus vrai. Grâce à la monnaie commune, un ensemble de pays aux profils très variés, certains solides, d’autres très fragiles, se voyait proposer les mêmes conditions d’emprunt. Et elles étaient alléchantes. Argent facile pour tous. Comment s’étonner, dès lors, que tout le monde se soit rué sur l’open bar ? Quelles bonnes raisons y avait-il de se priver ? Et puisque la richesse tombait du ciel, pourquoi s’emmerder à travailler ? Hein ? Une croissance factice, soutenue exclusivement par la dette, se mit ainsi en place, aux applaudissements des spécialistes appointés qui parlaient de « miracle économique » et d’ « euro qui tient ses promesses » alors qu’ils savaient bien que ce prétendu miracle renfermait un cauchemar… qu’il faudrait bien rembourser, un jour ou l’autre… que cette prospérité bidon retomberait alors comme un soufflé. A la manière d’un Cofidis géant, d’un Cofidis à l’échelle d’un continent, l’euro a drogué à la dette les pays d’Europe, exacerbant l’inclination naturelle à la paresse qu’on trouve chez l’être humain, et asservissant totalement ces pays à leurs créanciers. Ce d’autant plus qu’en même temps, il leur interdisait d’adapter la force de leur monnaie aux spécificités de leurs économies, détruisant celles-ci et donc toute possibilité de créer les richesses nécessaires à leur survie : le seul, l’unique moyen de continuer à vivre devenait alors de s’endetter. Encore et encore. Et de donner des gages, en permanence. De se prosterner bien bas devant ses créanciers, de leur bien lécher la fondante, de ramper continuellement devant eux en s’excusant à tout propos, de se plier à leurs plus délirantes exigences, d’accepter leurs pires humiliations.

Nous en sommes là. Le piège s’est refermé. Nous périrons par où nous avons cru vivre. « La Grèce doit sûrement améliorer son bulletin de notes » ; « La France est l’enfant à problèmes de la zone euro », voilà désormais le ton autoritaire et condescendant qu’emploient les charlatans de l’Europe de la paix et de la fraternité, ce ton de maître d’école qu’aucun pays réellement libre ne peut tolérer.

Mais nous ne sommes plus libres. Nous n’avons donc plus qu’à nous taire. Et à accepter sans broncher le déploiement de la suite du projet euromaniaque. Le gros morceau, le plat de résistance : l’éradication des identités non seulement nationales, mais individuelles. L’uniformisation des individus, la ruine en eux de tout principe vital, leur transformation en automates aseptiques et ahuris. Pourquoi ? Pourquoi feraient-ils ça ? Mais pour le plaisir, enfin, pour la jouissance qu’il tirent de voir l’humain rabaissé, humilié, avili, malheureux ; pour le plaisir de faire de l’homme, cette créature susceptible des plus grandes choses, une besace desséchée et idiote. Toutes les fausses valeurs, toutes les idéologies bidon que produit notre époque et que porte si haut l’Union européenne ont pour but de produire cette humanité abêtie, anémiée, uniforme de sottise, de tristesse et d’hébétude. Une humanité inerte, passive, qui ne pense plus, qui ne crée plus — à part de la technologie absurde — qui n’est plus bonne qu’à consommer et à détruire. Des générations de dépressifs, d’identités ruinées, de cerveaux dévastés, voilà à quoi mène cette entreprise de déshumanisation. La négation forcenée de l’essence chrétienne de l’Europe (qui sait encore que l’Europe, pendant des siècles, fut appelée la Chrétienté ?) joue évidemment un rôle essentiel dans cette démoralisation.

Quoi qu’en disent les obsédés de l’Inquisition et des croisades, l’Europe chrétienne avait quand même infiniment plus de gueule que la pastorale des droits de l’homme, du multiculturalisme radieux et de l’horizon indépassable de la consommation qu’on nous sert aujourd’hui. Ses valeurs, son projet, étaient infiniment plus enthousiasmants. On pouvait, alors, vraiment parler d’ « Europe qui gagne », pour employer les splendides expressions de notre époque. Mais c’est précisément ce que ne peuvent supporter tous les piteux qui de nos jours détiennent le pouvoir, et n’aiment l’homme que petit, atrophié, stérilisé, pas trop vexant pour leur ego. Alors ils font tout pour occulter les preuves de la grandeur de l’homme, pour effacer les traces de l’humanité grandiose qui nous a précédés, pour supprimer tout ce qui pourrait inspirer un peu d’élévation aux humains actuels. Avoir remplacé l’Europe des génies et des trésors de l’art par l’Europe des bureaucrates et de la publicité, voilà leur plus grande victoire. Avoir aboli les frontières de tous ordres pour que les cultures se diluent les unes dans les autres et qu’il n’en reste qu’un plat magma insipide, régulièrement parcouru des convulsions de ceux qui ne se résignent pas à mourir, en est une autre. La multiplication des communautarismes, et le durcissement croissant de leurs revendications sont les conséquences de ce flou identitaire, qui conduit à la recherche d’une identité de substitution et à une affirmation de celle-ci d’autant plus violente qu’elle est inconsistante. La compétition communautariste ne fait que commencer…

Dans ce désastre sans précédent, reste-t-il un espoir ? C’est possible. Si oui, il ne peut en tout cas se trouver chez les mercenaires de la politique qui se refilent les commandes depuis quarante ans. Ce sont eux qui nous ont mis dans cet enfer ; ils en tirent bénéfice ; ils ne feront rien pour nous en sortir. Ce, quelles que soient les promesses mensongères qu’ils multiplieront à mesure que les gens ouvriront les yeux, et se détourneront d’eux avec dégoût. Il faut enfin, et une bonne fois pour toutes, les regarder comme les escrocs qu’ils sont. Comprendre qu’il n’y a rien à attendre d’eux ; qu’ils sont trop tièdes, trop rabougris, trop empêtrés dans leurs analyses moutonnières et leurs tactiques mesquines pour entreprendre la tâche colossale qui s’impose : l’émancipation des peuples de la tyrannie européiste. Oui, s’il reste un espoir, il ne peut être que dans un acte héroïque de libération des peuples, et de recouvrement de leur souveraineté. Ce ne sont pas ces notables engourdis, obsédés par leur « respectabilité », tétanisés par le qu’en dira-t-on médiatique, et ne croyant en rien, qui relèveront ce défi. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire leurs « programmes » insipides, bottant en touche sur l’essentiel…

Toute offre politique, en effet, qui ne pose pas comme préalable de s’affranchir de la tutelle illégitime de l’Union européenne est une imposture. Tout programme dont la première mesure n’est pas d’envoyer foutre les commissaires européens est un tissu de mensonges. Il n’y a de liberté, il n’y a d’issue heureuse possible qu’en dehors de cette Union soviétoïde. Tout le reste n’est que littérature.

Il est grand temps, enfin, de réaliser que la belle idée d’Europe a été confisquée par des gens aux intentions éminemment toxiques et résolument égoïstes, à mille lieues d’un quelconque intérêt des peuples. Il est grand temps de juger l’arbre à ses fruitsIl est grand temps que tombent les masques : l’Union européenne n’est pas l’Europe. C’est sa pire ennemie.

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Nicolas L., Blog "Chronique d'une époque de nains", 2013

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